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Quel mode de financement privilégier pour les petites entreprises innovantes ?

Les sociétés de capital-investissement permettent de lever certaines contraintes financières auxquelles font face les entreprises innovantes. Mais elles apportent aussi des compétences vitales pour améliorer leur performance financière.


L’engouement bien connu pour les nouvelles technologies, à la fois dans les secteurs des biotechnologies/ médical et des technologies de l’information (IT), a amené de nombreuses entreprises nouvellement créées à se lancer dans des activités innovantes souvent (très) risquées mais potentiellement très rémunératrices.

Le financement lui aussi (très) risqué de ces entreprises requiert souvent un capital de départ important. Le(s) fondateur(s), la famille et les amis sont le premier maillon de cette « chaîne de financement ».

Les business angels viennent en second. Ce sont des personnes physiques qui ont souvent une expérience d’entrepreneur et qui investissent leur propre argent dans des entreprises qu’ils pensent prometteuses. Les business angels apportent non seulement du capital financier à l’entreprise, mais aussi et surtout, leurs expériences d’anciens entrepreneurs/ dirigeants.

Puisque, par définition, les banques n’ont ni les compétences, ni le capital requis nécessaires au financement de ces petites entreprises innovantes, ces dernières doivent alors faire appel à de nouvelles formes de financement : les sociétés de capital-investissement. Le marché financier constitue le dernier maillon de la chaîne et permet aux investisseurs de sortir en réalisant des plus values conséquentes.

De nouvelles formes de financement

En France, les sociétés de capital-investissement font aussi bien référence aux sociétés de capital-risque, qu’au capital-développement ou encore aux LBO... Dans les pays anglo-saxons, il existe une distinction beaucoup plus marquée entre ces différentes catégories puisque les sociétés de capital risque constituent une catégorie bien spécifique (i.e : private equity). Les sociétés de capital risque financent les entreprises dans les premiers stades de développement.

Il convient néanmoins de nuancer : les banques peuvent intervenir dans le financement de ces entreprises avant qu’elles n’entrent sur le marché financier si le risque a été suffisamment réduit (le risque diminuant au fur et à mesure que l’entreprise vieillit). De même, les incubateurs et/ ou autres organismes publics peuvent financer des entreprises dès les premières phases, c'est-à-dire avant même que les business angels n’interviennent. Le schéma de financement présenté supra dépend en partie des institutions en place dans chaque pays mais, il reste valable pour la plupart des économies européennes et anglo-saxonnes.

Quoiqu’il en soit, les sociétés de capital-investissement jouent un rôle majeur dans le financement des activités innovantes, principalement pour deux raisons :

  • Elles apportent du capital financier quand les banques ne peuvent pas jouer leur rôle traditionnel d’apporteur de capitaux. Elles prennent une participation dans le capital des entreprises financées et deviennent donc actionnaires de l’entreprise. Ce rôle d’actionnaire leur permet d’obtenir des droits de vote au sein de l’entreprise et de mettre en place des mécanismes de contrôle efficaces.
  • Elles apportent des compétences managériales, techniques et financières à l’entreprise financée. On dit alors qu’une société de capital-investissement apporte une valeur supplémentaire à l’entreprise. Ce qui permet en retour de faire augmenter la performance financière de cette dernière. Ces compétences spécifiques sont cruciales lorsqu’il s’agit de développer des activités innovantes, voire fortement innovantes. En effet, les activités innovantes requièrent l’utilisation de technologies nouvelles et complexes qui implique un suivi financier, opérationnel et managérial plus intensif (c’est ce suivi qui ajoute de la valeur à l’entreprise). Un intermédiaire financier traditionnel comme la banque ne peut pas assurer un tel suivi car il ne dispose pas de l’expertise technique nécessaire.

Des compétences vitales pour la performance

Les sociétés de capital-investissement permettent donc de lever certaines contraintes financières auxquelles font face les entreprises innovantes. Mais elles apportent aussi des compétences vitales pour améliorer la performance financière de ce type d’entreprise. Même si ce mode de financement paraît le plus adapté au financement des activités innovantes, il convient de préciser que son impact sur la performance de l’entreprise financée dépend en grande partie des caractéristiques de la société de capital-investissement (spécialisée vs non spécialisée, indépendante ou non, etc.)* . A ce sujet, il est à noter que les performances affichées par les entreprises innovantes anglo-saxonnes financées par des sociétés de capital-investissement sont plus élevées que celles de leurs homologues d’Europe continentale (voir Bottazzi et Da Rin, 2002).

En ce sens, il semblerait qu’une promotion du capital-investissement - en particulier des politiques fiscales incitatives - serait vertueuse en matière de dynamique innovatrice communautaire. Les pays, notamment développés, devraient, de ce fait, mettre en place les structures adéquates afin de favoriser le développement du capital-investissement, dans la mesure où les sociétés de capital-investissement financent des activités innovantes dont le développement « booste », en partie, la croissance de ces économies.

* L’Afic (Association française des investisseurs en capital) regroupe les professionnels du capital investissement en France.

 

 

Sophie Pommet
ADMEO / GREDEG-CNRS
Université de Nice Sophia Antipolis
pommet@gredeg.cnrs.fr



30/10/2010
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